Ma vie avec Annabelle

Tiens que je me dis et si que j’écrivais un petit truc histoire de bien commencer la soirée.
Voyons…
Je m’installe devant mon ordinateur et commence à réfléchir.
D’abord une femme bien entendu.
Une histoire de François sans femme, c’est comme un bœuf au mimosa braisé sans marmelade d’’orange, c’est fade.
Alors donc, une femme. La trentaine, belle, sensuelle, glamour, des bas, une jolie jupe vintage légèrement volante, un chemisier de soie tendrement ouvert de deux boutons défaits.
Juste deux ?
Non trois, soyons fous et elle aussi, qu’on aperçoive furtivement un frisson de dentelle sur la blancheur de l’orée d’un sein.
Elle se promène c’est évident, d’ailleurs il fait beau.
Je jette un œil par la fenêtre.
Il pleut.
Crotte !
Rien ne va jamais comme je veux.
Mais baste, dans mes textes il fait toujours beau, enfin généralement, et donc il fait très beau dans celui-ci et pis c’est tout. Je peux me payer le beau temps, j’ai des budgets illimités. L’avantage d’écrire.
Où se promène-t-elle ?
Ah ! Bonne question !
Dans un parc ?
Déjà fait évidemment mais ce n’est certes pas ce qui pourrait m’arrêter. Oui, cependant, aujourd’hui, je n’ai pas envie d’un parc. Je suis comme ça avec des envies et des non-envies.
Une avenue ?
Non, trop bruyant. Je veux du calme ce soir.
Alors une allée, oui très bien une allée mais pas d’un parc, un mail plutôt.
Avec des arbres, dans un mail il y a généralement des platanes, alors faisons comme ça, c’est toujours charmant les platanes.
Ah oui, n’oublions pas les maisons bourgeoises alignées sur l’autre bord. Une cour avec portail en fer forgé, des fenêtres hautes, des rideaux en toile de Jouy et des petites briquettes sur la façade pour faire style.
Tiens ! Un côté un peu anglais mon mail. Serions-nous en Angleterre ?
On peut.
Donc c’est en Angleterre. Nous verrons plus tard si elle est anglaise.
Ou non.
Il faudra la faire parler.
A découvrir…
En attendant, elle se promène, tranquille, regardant les platanes et les maisons, ravie de la fraicheur des feuillages dans cette fin de journée un peu chaude et amusée d’un monsieur très gros trainant au bout d’une laisse trop courte un chien très petit.
Il vient de la croiser. Il aimerait lui parler mais il n’ose pas. Alors il tire sur la laisse trop courte et grommelle contre son chien très petit qui n’en peut mais.
Elle sourit.
Et le voilà, lui !
Car il faut un « Lui » bien entendu.
Voyons comment sera-t-il ?
Je réfléchis…
Mais, il ne sera pas.
Tout simplement.
Car Annabelle vient d’entrer dans la pièce avec le même sourire que mon héroïne.
Mais largement plus dévêtue. Elle ne porte en tout et pour tout qu’un corset blanc transparent constellé de fleurs rouges ne masquant rien ou si peu.
Mon cerveau instantanément se fige.
Surtout quand elle me fait ces yeux là et pose son index sur sa lèvre inférieure en petite fille dévastatrice.
─ Dis-moi, François, on fait quoi ce soir que je sache si je mets ma petite jupe rouge courte ou ma longue robe de bal ?
Ah !
Que voilà un problème d’importance qui laisse la femme de ma nouvelle, son mail bordé de platanes, ses maisons bourgeoises, ce type qui arrivait et le ciel bleu comme deux ronds de flan.
Ce qui n’est pas simple à réussir, convenez-en.
Je me lève pour aller juger de l’effet des deux tenues d’Annabelle, choisir la plus sexy, prévoir la soirée et beaucoup d’autres décisions encore de primordiale nécessité.
Je vais pour sortir derrière ma dulcinée quand…
J’entends…
Une petite voix embarrassée qui me demande…
─ Et je fais quoi, moi, avec ma laisse trop courte et mon chien trop petit ?

Photo : Threnody in Velvet

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