J’ai retrouvé l’endroit.
J’ai retrouvé la route à peine esquissée qui devient vite un chemin de terre, les quelques virages, les mêmes flaques aux mêmes ornières, puis cette vasque de forêt immense et cachée.
La maison n’a pas changé. Elle était fermée bien sûr, mais telle que dans mon souvenir. La grande cour de falun, les anciennes étables aux multiples portes devenues cabanons et garage, le corps de logis avec les quatre fenêtres des quatre chambres de l’étage dont nous changions chaque jour, et puis cette large ouverture en rez-de-chaussée qui donne sur la cuisine. J’ai retrouvé nos rires, nos plaisirs, nos joies de cette semaine hors du temps.
Il faisait aussi chaud que ces jours-là.
J’ai traversé le pont sur le court ruisseau, longé l’étang, suivi le chemin jusqu’à l’île mais n’aie pas franchi le gué de pierres plates. Il y avait dans ma mémoire un hamac où tu reposais et moi qui le balançait.
Doucement.
Je n’y ai vu personne, pas une âme, comme toujours. Et pourtant la ferme était blanche, les deux étangs transparents, le jardin tondu, le puits nettoyé, la vieille pompe rouge repeinte et les arceaux de verdure entretenus. L’herbe de la rive était rase comme un jardin anglais, la berge silencieuse, d’un silence de canards et d’oiseaux effarouchés ridant le reflet du ciel du bout des ailes.
Je me suis assis devant l’immensité d’eau et je t’ai revue, là, debout sur ce mur.
Chaque jour différente, chaque jour une nouvelle tenue que tu enlevais lentement pour moi.
Rien que pour moi.
Avant que je te prenne dans mes bras… toute nue dans la lumière.
Alors, j’ai eu l’envie folle de te reprendre, de te ramener ici, de tout recommencer.
Las !
Rien ne fait au temps qui passe et s’envolent les souvenirs…
Dans un beau ciel d’été gorgé de soleil.