Dessin 449
Chut !
Un souvenir.
J’ai retrouvé l’endroit.
J’ai retrouvé la route à peine esquissée qui devient vite un chemin de terre, les quelques virages, les mêmes flaques aux mêmes ornières, puis cette vasque de forêt immense et cachée.
La maison n’a pas changé. Elle était fermée bien sûr, mais telle que dans mon souvenir. La grande cour de falun, les anciennes étables aux multiples portes devenues cabanons et garage, le corps de logis avec les quatre fenêtres des quatre chambres de l’étage dont nous changions chaque jour, et puis cette large ouverture en rez-de-chaussée qui donne sur la cuisine. J’ai retrouvé nos rires, nos plaisirs, nos joies de cette semaine hors du temps.
Il faisait aussi chaud que ces jours-là.
J’ai traversé le pont sur le court ruisseau, longé l’étang, suivi le chemin jusqu’à l’île mais n’aie pas franchi le gué de pierres plates. Il y avait dans ma mémoire un hamac où tu reposais et moi qui le balançait.
Doucement.
Je n’y ai vu personne, pas une âme, comme toujours. Et pourtant la ferme était blanche, les deux étangs transparents, le jardin tondu, le puits nettoyé, la vieille pompe rouge repeinte et les arceaux de verdure entretenus. L’herbe de la rive était rase comme un jardin anglais, la berge silencieuse, d’un silence de canards et d’oiseaux effarouchés ridant le reflet du ciel du bout des ailes.
Je me suis assis devant l’immensité d’eau et je t’ai revue, là, debout sur ce mur.
Chaque jour différente, chaque jour une nouvelle tenue que tu enlevais lentement pour moi.
Rien que pour moi.
Avant que je te prenne dans mes bras… toute nue dans la lumière.
Alors, j’ai eu l’envie folle de te reprendre, de te ramener ici, de tout recommencer.
Las !
Rien ne fait au temps qui passe et s’envolent les souvenirs…
Dans un beau ciel d’été gorgé de soleil.
Journal Splogofpft mensuel de février encore quinze jours
Le journal Splogofpft mensuel de février a quinze jours aujourd’hui. Je commence à travailler sur la maquette de celui de mars…
Avec toujours ma bande d’auteurs géniaux, dessinateurs et écrivains.
Un grand plaisir chaque mois.
Et si vous n’êtes pas encore abonné à ce « Mâtin ! Quel journal ! », il est possible de se rattraper ici :
https://www.francoiscoulaud.com/le-journal-splogofpft/
Dessin 448
Imaginez-moi !
– Et si je t’imaginais puisque je n’arrive pas à te rencontrer !
– Oh oui, imagine-moi.
– Tiens pour t’imaginer, une musique… Voyons… Quelque chose qui donne envie de faire des rencontres, quelques chose qui ait la pèche. Queen, Bohémian Rhapsody, ça te va ?
– Très bien. J’adore.
– Bon, alors commençons. Tu serais brune… oui, c’est ça, brune mais pas trop grande, avec de jolies rondeurs. Des jambes sensuelles gainées de noir, des pieds fins et souples dans des escarpins brillants.
– Joli début ! Je me sens bien en brune.
– Est-ce que je t’habille ou est-ce que je te laisse nue ?
– Habille-moi. Tu as tout le temps de me déshabiller… plus tard.
– C’est sûr. Une robe toute simple, j’aime la simplicité. Une robe ajustée en haut, plus souple en bas, volante même autour de tes jolies jambes
– Coquin !
– Ben oui comme tous les hommes. Mais une femme simple, qui n’impressionne pas, avec qui on se sent bien.
– Tu es timide ?
– Très.
-Continue… J’aime comme tu m’inventes.
– Une ceinture, oui une ceinture avec une boucle de métal en forme de H, peut-être comme ton prénom.
– Et je m’appellerais comment ?
– Je ne sais pas encore…
– Tu trouveras ?
– Bien sûr. De jolies mains, des yeux noirs, des cheveux mi-longs que tu n’attacherais pas.
– Toujours naturelle.
– Toujours. Peu de bijoux. Juste deux perles blanches dans les oreilles, une montre plate car tu es une femme active.
– Et comment nous serions-nous rencontrés ?
– Dans la rue ?
– Impossible. Tu es trop timide.
– Oui, tu as raison. Au travail. Tu serais une consultante. Nous ferions des réunions ensemble et puis un soir, alors que nous serions seuls, j’aurais enfin osé te dire…
– C’est plus réaliste. Ou plutôt c’est moi qui aurais fait le premier pas et tu n’aurais pas dit non.
– Hum, oui, sans doute, tu as raison. Mais j’aurais osé, quand même, t’inviter au restaurant une fois ou deux.
– Ah oui, quand même (Elle sourit de ce sourire que j’aime tant).
– Et cette soirée là, je t’attendrais ici, dans mon appartement… pour la première fois.
– Oh ! Oh !
– On sonnerait à la porte… tu sonnerais à la porte.
– D’accord.
A cet instant, on sonne à la porte.
Vraiment.
Briseur de rêve !
On sonne… plus longuement…
– C’est la concierge, ouvrez !
Je vais ouvrir.
– Vous savez l’heure qu’il est… avec votre musique de dingue là, vous allez réveiller tout l’immeuble.
Je ne réponds pas. Je regarde ma concierge. Elle est brune, pas si mal faite, mal fringuée d’une jupe informe et d’un chemisier rapiécé.
Mais si on lui mettait autre chose.
Je souris.
Et j’ose comme on se jette à l’eau.
– Vous êtes libre ce soir ?
Comment ai-je pu oser dire ça ?
Elle rougit. Elle devient vraiment belle quand elle rougit.
Elle sourit.
Elle est fabuleuse quand elle sourit.
– Ah bon, vous vous décidez enfin. Libre ? Je ne sais pas. Peut-être… et vous ?
Je rougis à mon tour.