Beauté fatale

Admirable et belle, charnelle, elle regardait le paysage.
Une longue vallée de pierre, falaises, rivière lointaine sous des arbres nains.
Appuyé à la voiture sportive sombre et racée, les mains dans les poches de son pantalon très bien coupé, une cigarette entre les lèvres, il la regardait.
Elle portait ce jour là une dentelle noire sur ses longues jambes galbées de gris, de hautes chaussures fines, un manteau court à boutons blancs et ce petit chapeau rond qu’il venait de lui offrir.
Le vent encore froid lui faisait remonter son col, blottir son nez dans le flux de ses cheveux roux.
Superbe.
Une deux-chevaux cacochyme montait en soufflant fort la route en lacets. Elle manqua s’essouffler définitivement dans l’épingle à cheveux, toussa, éructa, repartit difficilement. Ensuite le bitume faisait un faux plat où le véhicule pouvait reprendre un tant soit peu de vitesse. Ils virent passer, l’une puis l’autre, une tête ronde, deux yeux exorbités, bloqués sur la gravure de mode sensuelle.
Un fracas de tôles brisées, une dégringolade cacophonique, puis le silence.
Le virage suivant n’était pas triste.
Il retira sa cigarette, souffla un rond de fumée parfait.
‒ Bon, on y va, tu t’es assez amusée.
‒ Encore deux minutes s’il-te-plait.
Il jeta un œil sur le dévers. Une voiture de gendarmerie montait les lacets à bonne vitesse. Il n’aimait pas le poulet.
‒ D’accord, mais c’est la dernière.
Photographe : Stéphane Perruchon
Modèle : Sandrine Raimbaut

Eva

Dessin à l’encre sur papier 300 g
Format 50 cm par 70 cm
Pièce unique, datée, signée

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Prix de vente : 2000 € plus les frais d’envois.
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Journal Splogofpft mensuel de décembre 2024

Ça y est, le numéro de décembre est paru.
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Écrivez moi sur mon mail : creartiss@orange.fr et je vous y abonne.
C’est un mensuel totalement gratuit je le rappelle.

Couverture de ce mois ci : Nathalie la Pointue.

Dragon

Un petit dialogue écrit ce jour pour un atelier d’écriture auquel je participe.
Les obligations : Une fée d’automne à la voix fluette, un salon dans une vieille maison et un animal choisi au hasard. Je suis tombé sur le dragon. Tiens ? Au hasard vraiment ?

Et, pour illustrer ce texte, plutôt qu’un dragon, je vous ai choisi une jolie fée, Rina Bambina.
Quoi ?

─ Ben non.

─ Comment ça, ben non ?

─ Ben non, je ne mettrai pas une patte dans ta boite à chaussures.

─ Ce n’est pas une boite à chaussures, c’est une très jolie maison ancienne, avec du lierre sur les murs et des petits carreaux aux fenêtres.

─Ouais, ben pour un dragon comme moi, petite maison « jolie » ou boite à chaussures « pourrie », c’est du pareil au même, je suis trop gros pour entrer dans ce truc.

─ Méééééééééh eeeeeeuh ! Tu n’as qu’à juste y entrer la tête. Je voulais te montrer le charmant salon automnal que, moi, petite fée de l’automne, j’ai aménagé avec un goût certain dont je me targue.

─ M’en fiche, j’entrerai pas et pis c’est tout !

─ Tu n’es pas gentil.

─ Normal, je suis un dragon.

─ Et si je te fais ma voix fluette. Que je te joue la musique qui te fait craquer sur ma harpe.

─ M’en fiche de ta voix fluette et de ta harpe, j’suis un dragon méchant et j’entrerai pas, nah !

─ Et si je te fais mes yeux de petite fée automnale toute triste.

─ Ah non, c’est de la triche, tu n’as pas le droit.

─ Ah non ! Pas le droit, hummmmmm ! Comme elle est triste la petite fée à son méchant dragon !

─ Bon, bon, ça va, j’y vais dans ta maison boite à chaussures de mes deux…

─ Tu n’es pas poli.

─ Normal, je suis un dragon. Bon par où qu’on peut se glisser dans ce machin, personne n’aurait un chausse-pied ?

Bradabradabrang ! Broufff !

─ Oups !

─ Waaaaaoooooinnnn ! (petite voix fluette que je ne peux évidemment vous faire ici). Tu m’as toute écroulé ma jolie maison pleine de lierre et de fenêtres à petits carreaux, tu n’es qu’un méchant.

─ Normal, je suis un dragon. Attends, ce n’est pas si grave, ça doit pouvoir se recoller… avec du scotch.

─ Waaaaaahouin ! (je ne vous fais toujours pas la voix fluette, pas fou). Non, c’est tout cassé et pis ça se répare pas, et pis tu n’es qu’un méchant.

─ Normal, je suis… et puis zut. Ecoute, si tu cesses de hurler avec cette voix fluette qui me vrille les tympans, je t’offre, dans ma caverne, au chaud, un thé noir dont tu me diras des nouvelles.

─ Grillé sous la braise.

─ Oui.

─ Avec du gingembre.

─ Oui.

─ Et il y aura les afters… comme la dernière fois ?

─ Evidemment… je suis un dragon quand même.

─ Chouette ! Alors je viens.

─ Comme quoi, je peux être aussi un gentil dragon parfois.

─ Ah mais non ! Ah mais pas du tout ! Moi je veux que tu sois un méchant dragon… un très méchant dragon.

─Allez comprendre…  les femmes… ou les fées… ou peut-être est-ce la même chose. (Se dit le dragon en se grattant la tête qu’il a chauve et écailleuse. Normal… c’est un dragon)

Illustration : Rina Bambina

Étudiante au quartier latin

Dessin à l’encre sur papier 300 g
Format 50 cm par 70 cm
Pièce unique, datée, signée

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